Carole Solbès
La dépression post partum
Dernière mise à jour : 13 oct. 2022

J’inaugure ce blog avec un sujet qui me tient à cœur, dont on commence à parler mais qui reste encore trop tabou. Pourtant de nombreuses personnes sont touchées par la dépression post-partum.
Voici pour commencer un petit tour d’horizon chiffré :
Elle se déclenche majoritairement dans le 1er trimestre suivant l’accouchement mais peut arriver au cours de la 1ère année.
Elle peut durer 6 mois, 1 an et même devenir chronique.
Elle touche 10 à 15% des mères (enfin se sont les cas diagnostiqués). Un sondage français de 2021 met en avant que 30% des mamans auraient connus un épisode dépressif après la naissance de leur bébé.
Ce même sondage nous dit que 18% des pères sont également concernés.
Pour les pères, la dépression arrive souvent entre le 3ième et le 6ième mois du bébé.
Une étude de l’université Western Sydney met en exergue que les hommes devenant pères après 36 ans sont moins touchés par cette forme de dépression.
Un papa dont la femme vit une dépression post natale a 2 fois plus de risque d’en vivre une aussi.
Comment la reconnaître ?
La dépression du post partum correspond à des symptômes dépressifs qui durent plus de 2 semaines après l'accouchement et qui perturbent les activités de la vie quotidienne.
Les troubles que je vais vous énumérer là sont à prendre comme une indication pour que vous puissiez être vigilant(e) et non comme un diagnostic. Les symptômes ressemblent à ceux d’une dépression majeure, ils peuvent correspondre à :
Une tristesse excessive
Des pleurs incontrôlables
Une irritabilité, de la colère
De l’insomnie ou de l’hypersomnie
Une fatigue extrême
Un changement d’appétit
Un sentiment de dévalorisation, grande culpabilité de ne pas être un bon parent
Une grande anxiété
Des idées suicidaires
Ne plus s’intéresser à rien
Des difficultés à tisser du lien avec son bébé
Il y a également deux autres états dépressifs souvent confondus avec la dépression post-partum, qu’il me semble important d’aborder : le baby blues et le burn out parental.
Le Baby blues touche plus d’une femme sur deux.
Il se déclenche autour du 3ième jour et ne dure pas plus de 10 jours.
La cause principale est hormonale mais peut être liée à la fatigue, des difficultés rencontrées dans ce nouveau rôle de mère, les changements physiques et émotionnels qu’elle vit.
Il se caractérise par des crises de larmes incontrôlées, insomnie, irritabilité, anxiété.
Le Burn out parental, lui, peut avoir lieu quelques mois après l’accouchement comme des années plus tard.
C’est un état d’épuisement qui devient chronique progressivement. La personne en arrive à un détachement de son rôle parental, jusqu’à ne plus pouvoir s’occuper de soi, de ses enfants ou de son/sa partenaire. Il y a un désir de fuir la maison, s’éloigner de la famille.
A quoi est-elle dû ?
Il n’y a généralement pas une cause mais plutôt un ensemble de paramètres qui peuvent mener à une dépression post partum (même s’il est tout à fait possible de n’avoir « que » la chute d’hormone). A contrario, une personne peut remplir plusieurs de ces critères et ne jamais faire de dépression post-partum.
La dépression postnatale peut être dû à :
Un important manque de sommeil
Le bouleversement de la vie quotidienne
La pression de vouloir être parfait(e) et assurer sur tous les plans (enfant, couple, pro, …)
Des problèmes dans l’allaitement
Un enfant pleurant beaucoup ou ayant une pathologie
Avoir déjà vécu des états dépressifs ou d’anxiété
Avoir des antécédents familiaux de dépression
Vivre des évènements stressants
Avoir vécu une fausse couche, un deuil périnatal, la prématurité, …
Avoir vécu une grossesse ou un accouchement difficile
Ne pas avoir beaucoup de soutien autour de soi
Avoir des problèmes de couple
Pour les mères, la chute des taux de progestérones et d’œstrogènes, le déséquilibre entre ces 2 hormones peuvent également rentrer en jeu
Pour les pères, ils peuvent avoir tendance à minimiser ce qu’ils ressentent en comparaison à ce que traverse la maman.
Qu’est-ce qu’on peut faire ?
En amont, durant la grossesse il me semble important de se renseigner et parler de l’arrivée du bébé pour :
Exprimer ses peurs, ses sentiments « liés à la venue du bébé »
Savoir à quoi on peut être confronter
Reconnaitre les signes d’un début de dépression et pouvoir agir
Plusieurs actions peuvent être mise en place dès la naissance pour prévenir un risque de dépression, ou bien dès que l’on reconnait les signes :
Prendre soin de soi
Prendre du temps en couple (même 5 minutes mais en conscience)
Pointer du doigt le positif
Participer à des cercles de parents
S’entourer de personnes bienveillantes, qui peuvent aider dans la gestion du quotidien et avec qui se confier lorsqu’on en a besoin
Lorsque l’on a conscience de faire une dépression post natale, le mieux est d’en parler avec son/sa partenaire ou une personne de confiance et de consulter son médecin ou un thérapeute. Sachez que la prise d’antidépresseurs peut être compatible avec l’allaitement.
Des liens qui peuvent aider
Pour trouver du soutien, une écoute :
https://www.supermamansfrance.fr/
https://www.lespatesaubeurre.fr/
Numéro d’appel gratuit : 0 800 00 3456 Allo Parents Bébé https://enfance-et-partage.org/la-prevention/allo-parents-bebe/
Appli répertoriant de nombreux professionnels et conseils, ainsi qu’un outil de dépistage pour repérer une dépression post-partum https://1000jours.fabrique.social.gouv.fr/
Quel que soit le mal dont vous souffrez, si vous ne vous sentez pas bien ne restez pas seul. Osez parlez de vos difficultés parentales, de vos émotions, de vos questionnements, vous n’êtes pas seul(e) à les vivres et cela aide grandement de partager.
Carole Solbès, accompagnante périnatale
Ressources
https://hellocare.com/blog/depression-post-partum-du-papa/
https://www.franceinter.fr/societe/depression-post-partum-les-hommes-aussi
https://www.livi.fr/en-bonne-sante/vivre-une-depression-post-partum/
https://www.edimark.fr/Front/frontpost/getfiles/636.pdf